Psychanalyse etsexualité féminim

2021-11-24  本文已影响0人  真织寒子

La théorie freudienne

Organisation libidinaledes stades pré-œdipiens

« Les individus des deuxsexes semblent traverser de la même manière les premiers stades de la libido.Contre toute attente, la petite fille, au stade sadique- anal, ne témoigne pasde moins d'agressivité que le petit garçon... Dès le début de la phase phallique,les similitudes sont infiniment plus marquées que les divergences. Nous devonsadmettreque la petite fille est alors un petit homme. Parvenu à cestade, on le sait, le garçonnet apprend à se procurer, grâce à son petit pénis,de voluptueuses sensations et cette excitation est en rapport avec certainesreprésentations de rapports sexuels. La petite fille se sert, dans le même but,de sonclitorisplus petit encore. Il semble que chez elle, tous lesactes masturbatoires intéressent cetéquivalent du péniset que, pourles deux sexes,le vagin,spécifiquement féminin, ne soitpas

encore découvert»* (1). Pour Freud, les premières phases du développementsexuel se déroulent de façon identique chez le garçon et la fille. Ce qui sejustifie par le fait que les zones érogènes sont les mêmes et jouent un rôlesemblable : sources d'excitation et de satisfaction des pulsions dites «partiel- tes ». Ces zones érogènes sont, de façon privilégiée, la bouche etl'anus, mais encore les organes génitaux qui, s'ils n'ont pas encore subordonnétoutes les pulsions partielles à la « fonction sexuelle » ou fonctionreproductrice, Interviennent eux-mêmes à titre de zone érogène notamment dansla masturbation.

Le primat de l'organemâle

Que laboucheoul'anussoient « neutres » du point de vue de la différence des sexes cela ne semblepas faire de problème pour Freud. Quant à l'identité des zones génitaleselles-mêmes, il dira, s'appuyant sur la biologie et sur ses observationsanalytiques, que pour la fillettele seul clitoris est en jeuen cetemps de son développement sexuel et que le clitoris peut être considéré commeun pénis tronqué, un « plus petit » pénis, un « reliquat embryologique prouvantla nature bisexuelle de la femme », une zoneérogènesemblable à celle que l'on trouve dans legland ». La petite fille est bien alors un petit homme, et toutes ses pulsionset plaisirs sexuels, notamment masturbatoires, sont en fait «virils».

Ces énoncés sontdéveloppés, entre autres, dans les « Trois essais sur la théorie de lasexualité » (2) où il est affirmé que l'hypothèse d'un seul et même appareil

génital — l'organe mâle — est fondamentale pour rendre compte de l'économie

sexuelle infantile des deux sexes. De façon conséquente, Freud soutiendradonc quela « libido » est toujours masculine, qu'elle se manifeste chezl'homme ou la femme, que l'objet désiré soit femme ou homme. Cette conceptionrelative et au primat du pénis et au caractère forcément mâle de la libidocommande, on le verra, la problématique de la castration telle que la développeFreud. Avant d'y venir, il faut s'arrêter sur quelques implications de ce «commencement » du devenir femme.

Conséquences pour lagénitalité infantile de la fille

La fillette, dit Freud,n'est pas en retrait sur le petit garçon quant à l'énergie de ses pulsionspartielles. Et, par exemple, « ses impulsions agressives ne sont ni moinsvives, ni moins nombreuses » (1) ; de même a-t-on pu observer « l'incroyableactivité phallique de la fillette » (1). Or, pour qu'advienne la « féminité »,un refoulement beaucoup plus grand des dites pulsions sera exigé de la petitefille et, notamment, la transformation de son « activité » sexuelle en soncontraire la « passivité ». Ainsi les pulsions partielles notammentsadiques-anales et aussiscoptophiliques, les plus insistantes, vont-elles finalement serépartir en harmonieuse complémentarité : la tendance à s'approprier trouverason complément dans le désir d'être possédée, le plaisir de faire souffrir dansle masochisme féminin, le désir de voir dans les « masques » et la pudeur quiévoquent l'envie de s'exhiber, etc. La différence des sexes retraversera,ultérieurement, la petite enfance en répartissant les fonctions et rôles sexuels: « le masculin rassemblera le sujet, l'activité et la possession du pénis, leféminin perpétuera l'objet, la passivité et... l'organe génital châtré » (3).Mais ce départage, après coup, des pulsions partielles n'est pas inscrit dansl'activité sexuelle de la petite enfance, et Freud rendra peu compte des effetsde la répression pour/par la femme de cette énergie sexuelle infantile. Ilsoulignera cependant que la féminité se caractérise, et doit se caractériser,par un refoulement plus précoce et plus inflexible des pulsions sexuelles et unplus fort penchant à la passivité.

C'est, au fond, en petithomme que la fillette aime sa mère. Le rapport spécifique de la fille-femme àla mère-femme est peu envisagé par Freud. Et ce n'est que tardivement qu'il reviendrasur le préœdipe de la petite fille comme à un champ d'investigations trop peuanalysé. Mais longtemps, et même alors, il considère le désir de la fillettepour sa mère comme un désir « viril », « phallique ». D'où le renoncement,nécessaire, à ce lien à la mère, et d'ailleurs, la « haine » de sa mère, quandla fille découvrira qu'au regard de l'organe sexuel valeureux, elle estchâtrée. Et qu'il en va ainsi de toute femme, sa mère y compris.

Pathologie des pulsionspartielles

L'analyse des pulsionspartielles s'élabore, pour Freud, à partir des désirs de transgressionsanatomiques dont il constate le refoulement traumatisant dans la névrose, et laréalisation dans les cas de perversion. Les muqueuses orales et anales sontalors surinvesties par rapport aux zones génitales. De même que l'emportent lesfantasmes et comportements sexuels de type sado-masochiste, voyeuriste,exhibitionniste. Si Freud infère la sexualité infantile des névrosés et despervers à partir de leur symptomatologie, il nous signifie en même temps queces symptômes sont l'effet soit d'une disposition congénitale (on retrouve làl'ancrage anatomique de sa théorie), soit d'un arrêt dans l'évolution sexuelle.Donc la sexualité de la femme pourra être perturbée soit par « erreur » anatomique(des « ovaires hermaphrodites » déterminant une homosexualité, par exemple[4]), soit par suspens à un temps de son devenir femme : ainsi, la prévalencedes muqueuses orales que l'on retrouve, aussi, dans l'homosexualité. Quant auxpulsions scoptophiliques etsado-masochistes, ellesparaissent si prégnantes que Freud ne lesexcluera pas de l'économiegénitale, qu'il les y reprendra en les différenciant sexuellement — rappelonsl'opposition voir/être vue, faire souffrir/souffrir. Ce qui ne veut pas direqu'un rapport sexuel qui s'y résoudrait ne serait pas, à ses yeux,pathologique. La pathologie sexuelle féminine aurait donc à s'interpréter, entermes de préœdipe, comme fixation à l'investissement de la muqueuse orale,mais encore à l'exhibitionnisme et au masochisme. Bien sûr, d'autres événementspourront déterminer une « régression », qualifiée de morbide, aux stadesprégénitaux selon des modalités diverses. Pour les envisager, il faut reprendrel'histoire du « devenir une femme normale », selon Freud et, de façon plusspécifique, le rapport de la fillette au complexe de castration.

Spécificité du complexede castration féminin

Si ie complexe decastration marque pour le garçon le déclin du complexe d'Œdipe, il en vaautrement, et quasiment à l'inverse, pour la fille. Qu'est-ce à dire ? Lecomplexe de castration du garçon naît à l'époque où celui-ci constate que lepénis, ou membre viril si précieux pour lui, ne fait pas nécessairement partiedu corps, que certaines personnes — sa sœur, ses petites camarades de jeu... —n'en ont pas. La vue, fortuite, des organes génitaux de celles-ci fournitl'occasion d'une telle découverte. Si la première réaction du garçon est denier ce qu'il a vu, de prêter malgré tout un pénis à sa sœur, à toute femme, etsurtout à sa mère, de vouloir voir, de croire voir quoi qu'il en soit le membreviril chez tout le monde, il n'empêche que l'angoisse de castration est néepour lui. Car si certaines personnes n'ont pas de pénis, c'est qu'on le leur acoupé : le pénis était là au commencement, et puis il a été enlevé. Pourquoi ?Ce ne peut être que pour punir l'enfant de quelque faute. Ce méfait qui méritequ'on ampute l'enfant de son sexe doit être la masturbation au sujet delaquelle il a reçu, déjà, maints avertissements et menaces. Il ne faut pasoublier que celle-ci est déterminée par un besoin de décharge des affects liésaux parents, et de façon plus particulière à la mère que le petit garçonvoudrait posséder comme le père. Disons : à la place du père. La peur de perdreson pénis, organe narcissiquement très investi, est donc ce qui amène le garçonà abandonner sa position œdipienne : désir de posséder la mère et d'évincer sonrival, le père. S'en suivra la formation du surmoi, héritage du complexed'Œdipe, et gardien des valeurs sociales, morales, culturelles, religieuses.Freud insiste sur le fait que « l'on ne peut apprécier à sa juste valeur lasignification du complexe de castration qu'à la condition de faire entrer enligne de compte sa survenue à là phase du primat du phallus » (3), lequelassure, on l'a vu, le regroupement et la hiérarchisation des pulsionspartielles dans la génitalité infantile. Un seul sexe, le pénis, étant alorsreconnu valeureux par les garçons comme par les filles.

Dès lors, on peutimaginer ce que doit être le complexe de castration pour la fillette. Celle-cicroyait avoir, dans le clitoris, un organe phallique appréciable. Et, àl'instar de son père, elle en tirait par la masturbation de voluptueusessensations. Mais la vue du pénis — - de même et à l'inverse de ce qui seproduit pour le petit garçon quand il découvre les organes génitaux de sa sœur— lui démontre combien son clitoris est incapable de soutenir la comparaisonavec l'organe sexuel du garçon. Elle comprend alors le préjudice — anatomique —qui est son lot, et se doit d'accepter la castration, non comme la menace d'uneperte, la peur d'un accomplissement, mais comme un fait déjà accompli : uneamputation réalisée. Elle reconnaît, ou devrait reconnaître, quecomparativement au garçon elle n'a pas de sexe, ou du moins que ce qu'ellecroyait un sexe valeureux n'est qu'un pénis tronqué.

L'envie du pénis etl'entrée dans le complexe d'Œdipe

A cette castrationeffective, qui représente une imparable blessure narcissique, la fillette ne serésigne pas facilement. D'où « l'envie du pénis » qui va déterminer, pour laplus grande part, son évolution ultérieure. En effet, la fillette espère, mêmetrès tardivement, se trouver un jour pourvue d'un * vrai » pénis, que son toutpetit sexe va encore se développer et pourra, peut-être, un jour soutenir lacomparaison avec celui de son frère, de ses camarades de jeu. En attendant laconfirmation de telles espérances, elle va tourner ses désirs vers son père,souhaitant obtenir de lui ce qu'elle n'a pas : le très précieux organe mâle.Cette « envie du pénis » l'amène donc à se détourner de sa mère, à laquelleelle reproche de l'avoir aussi mal dotée au point de vue sexuel, et dont ellecomprend peu à peu qu'elle partage son sort, qu'elle est, comme elle, châtrée.Doublement abusée par sa mère, son premier « objet » sexuel, elle l'abandonne pourentrer dans le « complexe d'Œdipe », ou désir pour son père. Ainsi le complexed'Œdipe de la fille suit-il, à l'inverse de la séquence observée pour le petitgarçon, le complexe de castration.

Mais, pour la fillette,ce complexe d'Œdipe pourra subsister très longtemps. En effet, elle n'a pas àcraindre d'y perdre un sexe qu'elle n'a pas. Et ce ne seront que lesfrustrations réitérées de la part du père qui l'amèneront, bien tardivement etde façon souvent incomplète, à détourner de lui son désir. On peut en inférerque la formation du surmoi sera, dans de telles conditions, compromise, ce quilaissera la fillette, la femme, dans un état de dépendance infantile vis-à-visdu père, de l 'homme-père — faisant fonction de sur-moi — et ce qui la rendrainapte à la participation aux intérêts sociaux et culturels les plusappréciables. Peu autonome, la fillette sera encore peu douée pour lesinvestissements « objectifs » en jeu dans la cité, ses comportements étantmotivés soit par la jalousie, la rancœur, « l'envie du pénis «, soit par lapeur de perdre l'amour de ses parents ou de leurs substituts.

Mais en transférant surson père l'attachement qu'elle avait pour sa mère, en réalisant ce changement «d'objet » sexuel qu'exige d'elle sa condition féminine, la fillette n'a pasachevé son périple. Et, comme y insiste Freud, « devenir une femme normale »exige des transformations beaucoup plus complexes et pénibles que cellesrequises dans le développement, plus linéaire, de la sexualité masculine (1),En effet, si « l'envie du pénis » détermine la fillette à désirer son père, entant qu'il le lui donnera peut- être, il faut encore que cette « envie » un peutrop « active » fasse place à la réceptivité « passive » que l'on attend de lasexualité, et du sexe, de la femme. Que la zone érogène clitoridienne,pénienne, cède de son importance au vagin qui prendra « valeur comme logis dupénis, recueillant l'héritage du sein maternel » (3). La fillette doit changernon seulement « d'objet » sexuel mais encore de zone érogène. Ce qui nécessiteune « poussée de passivité » absolument indispensable à l'instauration de laféminité.

Le désir d'« avoir » unenfant

Ce n'est pas tout. La «fonction sexuelle », pour Freud, est avant tout la fonction reproductrice.C'est en tant que telle qu'elle rassemblera et soumettra toutes les pulsions auprimat de la procréation. Il faut donc que la femme soit amenée à privilégierla dite « fonction sexuelle », que ce qui parachève son évolution libidinalesoit le désir d'enfanter. C'est dans « l'envie du pénis » que l'on trouvera,une fois de plus, le mobile de cette progression.

L'envie d'obtenir dupère le pénis sera relayée par celle d'en avoir un enfant, celui-ci devenant,suivant une équivalence que Freud analyse, le substitut du pénis, il fautajouter que le bonheur de la femme ne sera complet que si le nouveau-né est unpetit garçon, porteur du pénis tant convoité. Ainsi sera-t-elle dédommagée dansl'enfant qu'elle met au monde de l'humiliation narcissique inévitablementassociée à la condition féminine. Bien sûr, ce n'est pas de son père que lafillette aura, réellement, un enfant, il faudra qu'elle attende pour que cedésir infantile puisse un jour se réaliser. Et c'est dans ce refus que le pèreoppose à toutes ses envies que se fondera le motif du transfert de ses pulsionssur un autre homme, éventuellement substitut paternel.

Devenue mère d'un fils,la femme pourra « reporter sur son fils tout l'orgueil qu'il ne lui a pas étépermis d'avoir elle-même », et le manque de pénis n'ayant rien perdu de sapuissance de motivation « seuls les rapports de mère à fils sont capables dedonner à la mère une plénitude de satisfaction, car de toutes les relationshumaines, ce sont les plus parfaites et les plus dénuées d'ambivalence » (1).Ce modèle, parfait, d'amour humain pourra dès lors se reporter sur le mari, «le bonheur conjugal restant mal assuré tant que la femme n'a pas réussi à fairede son époux son enfant » (1). Le parcours difficile que la fillette, la femme,doivent assurer pour réaliser leur « féminité » trouve donc son terme dans lamise au monde d'un fils, dans le maternage du fils. Et, de façon conséquente,du mari.

Formations pathologiquespostœdipiennes

Sans doute cetteévolution est-elle susceptible d'arrêts, de stases, à certains temps de sondéveloppement, ou même de régressions. On assiste alors aux formationspathologiques spécifiques de la sexualité féminine.

Le complexe de virilitéet l'homosexualité

Ainsi la découverte dela castration peut-elle aboutir, chez la femme, à l'élaboration « d'un puissantcomplexe de virilité ». « Dans ce cas, la fillette refuse d'accepter la dureréalité, exagère opiniâtrement son attitude virile, persiste dans son activitéclitoridienne et cherche son salut dans une identification avec la mèrephallique ou avec le père » (1). La conséquence extrême de ce complexe devirilité se repère dans l'économie sexuelle et le choix objectai del'homosexuelle, laquelle ayant le plus souvent pris son père pour « objet »,conformément au complexe d'Œdipe féminin, régresse ensuite à la virilitéinfantile du fait des déceptions, inévitables, qu'elle a subies de la part decelui-ci. Son objet de désir est, dès lors, choisi selon le mode masculin etelle prend « nettement le type masculin dans son comportement vis-à-vis del'objet aimé ». « Non seulement elle choisit un objet du sexe féminin, maisencore elle adopte, vis-à-vis de cet objet, une attitude virile ». Elledevient, en quelque sorte « homme et, à la place de son père, prend sa mèrecomme objet d'amour » (4). Sans aller à ces extrémités, l'alternance répétéed'époques où prédominent tantôt la virilité, tantôt la féminité, expliquepeut-être l'énigme que représente pour l'homme la femme, énigme qui trouveraitson interprétation dans l'importance de la bisexualité dans la vie de la femme.

D'ailleurs, laprotestation virile de la femme ne se résoudrait jamais entièrement, selonFreud, et « l'envie du pénis », essayant de pallier son infériorité sexuelle,rendrait compte de bien des particularités d'une féminité par ailleurs «normale ». Ainsi : « un choix objectai davantage déterminé par le narcissisme »que chez l'homme, • la vanité corporelle », « le manque de sens de la justice», et même la pudeur dont la fonction serait avant tout de « masquer la défectuositédes organes génitaux ». Quant à la « faculté plus faible qu'a la femme desublimer ses instincts », et à son manque, corrélatif, de participation auxintérêts sociaux et culturels, on a vu qu'ils provenaient de la spécificité durapport de la femme au complexe d'Œdipe et de ce qui en résulte pour laformation, chez elle, du surmoi. Ces caractéristiques de la féminité, peuréjouissantes il est vrai, ne sont pas pour autant pathologiques. Ellesappartiendraient, selon Freud, à l'évolution « normale » de la féminité (1).

La frigidité

Plus inquiétante seraitla constatation de la fréquence de la frigidité sexuelle chez la femme. Mais,s'il avoue que celle-ci constitue un phénomène encore mal expliqué, Freudsemble vouloir y trouver une confirmation du désavantage sexuel naturel quiserait celui de la femme. En effet, > il semble que la lib:do subisse unerépression plus grande quand elle est contrainte de se mettre au service de lafonction féminine et que... la nature tienne moins compte de ses exigences quedans le cas de la virilité. La cause en peut être recherchée dans le fait quela réalisation de l'objectif biologique : l'agression se trouve confiée àl'homme et demeure, jusqu'à un certain point, indépendante du consentement dela femme » (1). Que la frigidité puisse être l'effet d'une telle conception —violente, violeuse — des rapports sexuels n'apparaît pas dans les analyses deFreud qui met la frigidité au compte soit de l'infériorité sexuelle de toutefemme, soit de ¦ quelque facteur constitutionnel, voire anatomique »,perturbant la sexualité de telle ou telle femme, à moins qu'il ne reconnaissel'ignorance où il se trouve de ce qui peut la déterminer.

Le masochisme

Quant au masochisme,doit-il être considéré comme facteur d'une féminité « normale »? Ce quecertains énoncés de Freud paraissent accréditer. Ainsi : « les règles socialeset sa constitution propre gnent la femme à refouler ses instincts agressifs,d'où formation de tendances fortement masochiques qui réussissent à érotiserles tendances destructrices dirigées vers le dedans. Le masochisme est doncbien, ainsi qu'on l'a dit, spécifiquement féminin » (1). Ou bien le masochismeconstitue-t-il une déviation sexuelle, un processus morbide, particulièrementfréquent chez les femmes ? Sans doute, la réponse de Freud serait-elle que sile masochisme est une composante de la féminité « normale », celle-ci ne peutsimplement s'y réduire. L'analyse du fantasme « On bat un enfant » (5) donne àla fois une description assez complète de l'organisation génitale de la femmeet indique comment le masochisme y est impliqué : le désir incestueux de lafille pour son père, son envie d'en avoir un enfant, et le souhait corrélatifde voir battre le frère rival et détesté autant parce qu'il serait l'enfant quela fille n'a pas eu avec son père que parce qu'il est doté du pénis, tous cesdésirs, envies, souhaits, de la fillette sont soumis au refoulement parinterdit aussi bien sur les relations incestueuses que sur les pulsionssadiques, et plus généralement « actives ». Il en résulte la transformation del'envie que le frère soit battu dans le fantasme d'être elle-même battue parson père, fantasme où la petite fille trouverait à la fois une satisfactionrégressive masochiste à ses désirs incestueux et la punition de ceux-ci.L'interprétation de ce fantasme pourrait être aussi bien : mon père me bat sousles traits du garçon que je voudrais être, et encore *. on me bat parce que jesuis fille, c'est-à-dire inférieure du point de vue sexuel ; ce qui peut se traduire: ce qui est battu en moi c'est le clitoris, cet organe mâle très petit, troppetit ; ce petit garçon qui refuse de grandir.

L'hystérie

Si l'hystérie inaugurela scène et d'ailleurs le discours analytique — il faut se reporter, à cepropos, aux Études sur l'hystérie de S. Freud et J. Breuer — si les premièrespatientes de Freud sont des hystériques, l'analyse exhaustive des symptômes enjeu dans l'hystérie et leur mise en rapport avec le développement de lasexualité de la femme constitueraient un travail trop important dans le cadrede ce résumé des positions freudiennes, outre qu'un regroupement systématiquedes différents moments d'interrogation sur l'hystérie n'est pas réalisé dansl'œuvre de Freud. 

Rappelons simplement quepour celui-ci l'hystérie ne constitue pas une pathologie exclusivementféminine. Par ailleurs, on trouve définies, à propos de l'analyse du cas Dora(6), les modalités et positive et inversée du complexe d'Œdipe féminin ; soit :désir du père et haine de la mère d'une part, désir de la mère et haine du pèrede l'autre. Cette « inversion » du complexe d'Œdipe peut se repérer dans lasymptomatolo- gie hystérique. Revenant, tardivement, sur le préœdipe de lafille, Freud affirmera que en tout cas « il y a une relation particulièrementétroite entre la phase du lien à la mère et l'étiologie de l'hystérie » (7).Même si l'hystérie exhibe avant tout des fantasmes œdipiens — d'ailleurssouvent présentés comme traumatisants — il faut retourner au stade préœdipienpour comprendre quelque peu ce qui se masque derrière cette surenchèreœdipienne.

Retour sur le préœdipede la fille

Le retour, par Freud,sur la question du préœdipe de la fille — auquel il a été invité, et danslequel il a été assisté, par les travaux de femmes psychanalystes (Ruth MackBrunswick, Jeanne Lampl de Groot, Hélène Deutsch) qui, mieux que lui, pouvaientfigurer comme substituts maternels dans la situation transfé- rentielle — l'aamené à considérer avec plus d'attention ce moment de fixation de la fillette àsa mère (7, 1). Il affirmera, finalement, que l'importance de cette phasepréœdipienne serait plus grande chez la fille que chez le garçon. Mais de cettephase première de l'organisation libidinale féminine, il retiendra surtout desaspects que l'on pourrait qualifier de négatifs, en tout cas de problématiques.Ainsi les nombreux griefs que la fillette entretient vis-à-vis de sa mère :sevrage trop hâtif, insatisfaction d'un besoin illimité d'amour, obligation departager l'amour maternel avec ses frères et sœurs, interdit de la masturbationvenant après l'excitation des zones érogènes par la mère, et surtout le faitd'être née fille, c'est-à-dire dépourvue de l'organe sexuel phallique. Enrésulterait une ambivalence considérable dans l'attachement de la fille à sa mère,ambivalence dont la levée de refoulement perturbera la relation conjugale deconflits quasiment insolubles. La tendance de la femme à « l'activité » seraitaussi à comprendre, pour une bonne part, comme une tentative de la fillette dese dépendre du besoin de sa mère en faisant comme elle. Outre que la petitefille aurait désiré, en tant que phallique, séduire sa mère et lui faire unenfant. Des tendances trop « actives » dans l'organisation libidinale de lafemme sont donc, souvent, à interroger comme résurgences, non-refoulementsuffisant, du rapport à la mère, et les « pulsions à but passif » sedévelopperaient au prorata de l'abandon par la fille de sa relation à la mère.Il ne haut pas négliger non plus le fait que l'ambivalence de la fillette vis-à-de sa mère entraîne des pulsions agressives et sadiques, pulsions dont lerefoulement insuffisant, ou le retournement en leur contraire, pourrontconstituer le germe d'une paranoïa ultérieure à interroger tout à la fois commeprovenant des inévitables frustrations imposées par ia mère à sa fille — lorsdu sevrage, de la découverte du « châtrage » de la femme, par exemple — et desréactions agressives de la fillette. D'où la crainte d'être tuée par la mère,la méfiance et le contrôle permanent des menaces venant de celle-ci ou de sessubstituts.

Le « continent noir » dela psychanalyse

Quelles que soient lesacquisitions ainsi réalisées, Freud qualifiera encore alors la sexualitéféminine de « continent noir » de la psychanalyse, il dira en être resté à la «préhistoire de la femme» (1), avouant, par ailleurs, que pour ce qui est de lapériode du préœdipe elle-même elle « surprend comme, dans un autre domaine, ladécouverte de la civilisation minéo- mycénienne derrière celle des Grecs » (7).Quoi qu'il ait dit, écrit, sur le développement sexuel de la femme, celui-cilui reste très énigmatique, et il ne prétend en rien avoir épuisé la question.Il invite, dans l'abord de celle-ci, à la prudence entre autres choses en cequi concerne les déterminations sociales qui masquent partiellement ce qu'il enserait de la sexualité féminine ; celles-ci, en effet, mettent souvent la femmedans des situations passives, la contraignant à refouler ses instinctsagressifs, la contrarient dans le choix de ses objets de désir, etc. Lespréjugés risquent de gêner, en ce qui concerne ce champ d'investigation,l'objectivité des recherches, et — voulant faire preuve d'impartialité dans desdébats aussi sujets à controverses — Freud reviendra sur l'affirmation que lalibido est forcément mâle pour soutenir qu'il n'y a effectivement qu'une seulelibido mais que celle-ci peut se mettre au service de « buts passifs » dans lecas de la féminité (7). Ce qui ne constituait en rien une question sur le faitque la dite libido doive être réprimée dans l'économie sexuelle de la femme,d'où s'expliquerait l'insistance, la permanence, de « l'envie du pénis », ycompris quand la féminité est la mieux établie.

Ces conseils deprudence, ces aménagements d'énoncés antérieurs, n'empêcheront pas Freud denégliger quelque peu l'analyse des déterminations socio-économiques etculturelles qui règlent, elles aussi, l'évolution sexuelle de la femme ; etencore, ou encore, de réagir négativement aux recherches des analystess'insurgeant contre l'optique exclusivement masculine qui commande sa théorieet celle de certaines de ses disciples quant au « devenir femme ». Aussi, s'ildonna son accord aux travaux de Jeanne Lampl de Groot, Ruth Mack Brunswick,Hélène Deutsch, et même à quelques réserves près de Karl Abraham, et si même ilen inscrivit les résultats dans ses derniers écrits sur ce problème, il restatoujours défavorable aux tentatives de Karen Horney, Mélanie Klein, ErnestJones, d'élaborer des hypothèses sur la sexualité de la femme un peu moinsprescrites par des paramètres masculins, un peu moins dominées par « l'envie dupénis » (7, 1). Sans doute, y voyait-il, outre le désagrément de se voircritiqué par ses élèves, le risque que soit mis en cause le complexe decastration féminin tel qu'il l'avait défini.

L'opposition d'analystesfemmes à l'optique freudienne

Karen Horney

C'est une femme, KarenHorney, qui la première refusa de souscrire au point de vue freudien sur lasexualité de la femme, et qui soutint que la séquence complexe de castration -complexe d'Œdipe telle que Freud l'avait mise en place pour expliquerl'évolution sexuelle de la fillette, devait être « renversée ».L'interprétation du rapport de la femme à son sexe s'en trouve grandementmodifiée.

Le « déni » du vagin

En effet, ce n'est plus« l'envie du pénis » qui détourne la fille de sa mère, qui ne l'a pas, et laconduit à son père, qui pourrait le lui donner, mais c'est parce que lafillette est frustrée dans son désir spécifiquement féminin de relationsincestueuses avec le père qu'elle en arrive, secondairement, à « envier » lepénis comme substitut de celui-ci. Le désir de la fillette, de la femme, n'estdonc plus d'être un homme et d'avoir le pénis pour être (comme) un homme. Sielle en vient à « l'envie », postœdipienne, de s'approprier le pénis c'est pourcompenser sa déception d'en avoir été, objectalement, privée. Et aussi, ouaussi, pour se défendre et contre la culpabilité afférente à des désirsincestueux et contre une éventuelle pénétration sadique du père, qu'elle crainttout autant qu'elle le souhaite (8). Ce qui suppose que le vagin est alors déjàdécouvert par la fillette, contrairement aux affirmations de Freud qui prétendque le vagin reste longtemps ignoré par les deux sexes. Or, ce ne serait pas entermes d'ignorance qu'il conviendrait de parler du rapport de la fillette à sonvagin mais plutôt en termes de « dénégation ». Ce qui expliquerait qu'ellepuisse apparaître comme ignorant, consciemment, ce qu'elle sait. Cette «dénégation » du vagin par la petite fille se justifierait par le fait que laconnaissance de cette partie de son sexe ne se trouve pas, à cette époque,ratifiée et qu'elle est, aussi, redoutée. La comparaison du pénis d'un hommeadulte avec l'exigïté du vagin enfantin, la vue du sang des menstrues, ouencore d'éventuelles douloureuses déchirures de l'hymen lors d'explorationsmanuelles ont pu, en effet, amener la fillette à craindre d'avoir un vagin, età nier ce qu'elle sait, déjà, quant à son existence (9).

La névrose culturelle dela femme

Dans la suite, KarenHorney se démarquera plus encore des thèses freudiennes, en ce sens qu'elle

fera appel presque exclusivement aux déterminations socio-culturelles pour

rendre compte des caractères spécifiques de la sexualité dite féminine.L'influence des sociologues et anthropologues américains tels que Kardiner,Margaret Mead, Ruth Benedict, ont entraîné, chez elle, un éloignement de plusen plus accentué des vues psychanalytiques classiques auxquelles sesubstituent, ou s'adjoignent en les critiquant, l'analyse des facteurs sociauxet culturels tant dans l'élaboration d'une sexualité « normale » que dansl'étiologie d'une névrose. Dans cette perspective, « l'envie du pénis » n'estplus prescrite, ni inscrite, par/dans quelque « nature » féminine, corrélativede quelque « défectuosité anatomique », etc. Mais .1 faut plutôt l'interprétercomme symptôme défensif protégeant la femme de la condition politique,économique, sociale, culturelle qui est la sienne en même temps qu'ill'empêcherait de contribuer efficacement à la transformation du sort qui luiest imparti. « L'envie du pénis » traduirait le dépit de la femme, sa jalousie,de n'avoir pas droit aux avantages, notamment sexuels, réservés aux seulshommes : autonomie, liberté, force, etc., mais encore de n'avoir que bien peupart aux responsabilités politiques, sociales, culturelles, dont elle estdepuis des siècles exclue. 3a seule position de retrait étant dès lors « l’amour», de ce fait élevé par elle au rang de valeur unique et absolue.

« L'envie » serait doncl'indice d'une« infériorité »que la femme partagerait, effectivement,avec les autres opprimés de la culture occidentale — ainsi, les enfants, lesfous, etc. Et l'acceptation, par elle, d'un « destin » biologique, d'une «injustice » qui lui serait faite quant à la constitution de ses organessexuels, serait le refus de prendre en considération les facteurs qui,réellement, expliquent cette soi-disant « infériorité ». Autrement dit, lanévrose de la femme selon Karen Horney ne serait que bien peu différente d'unecomposante indispensable au « devenir une femme normale », selon Freud : serésigner au rôle, entre autres sexuel, que la civilisation occidentale luiassigne.

Mélanie Klein

Deuxième femme objectantaux théories freudiennes sur la sexualité féminine : Mélanie Klein. Comme KarenHorney, on la verra inverser, « renverser » certaines suites d'événementsconsécutifs établies par Freud. Et, comme elle encore, elle défendra que «l'envie du pénis » est une formation réactionnelle, secondaire, palliant ladifficulté pour la fillette, la femme, de soutenir son désir. Mais c'est par lebiais de l'exploration, de la reconstruction, du monde des fantasmes de lapetite enfance que Mélanie Klein va mettre en cause la systématique freudienne.

Les formes précoces ducomplexe d'œdipe

Les divergences d'avecFreud s'annoncent, si l'on peut dire, tout de suite ; dès le « commencement ».Car Mélanie Klein refuse d'assimiler la masturbation clitoridienne à uneactivité masculine. Le clitoris est un organe génital féminin ; il est doncabusif de n'y voir qu'un « petit » pénis et de vouloir que la fille trouveplaisir à le caresser à ce seul titre. D'ailleurs l'érotisation privilégiée duclitoris est déjà un processus défensif contre l'érotisation vaginale, plusdangereuse, plus problématique, à ce moment du développement sexuel. Lesexcitations vaginales sont les plus précoces, mais les fantasmesd'incorporation du pénis du père et de destruction de la mère-rivale qui lesaccompagnent provoquent, chez la fillette, l'angoisse de mesures de rétorsionde la part de la mère qui risquerait, pour se venger, de la dépouiller de sesorganes sexuels internes. Aucune vérification, aucune épreuve de la « réalité», ne permettent de vérifier l'intégrité des dits organes, et donc de sedépendre de l'angoisse résultant de tels fantasmes, la fillette est amenée àrenoncer, provisoirement, à l'érotisation vaginale (11). Quoi qu'il en soit, lapetite fille n'a pas attendu le « complexe de castration » pour se tourner versson père. Le « complexe d'Œdipe » est à l'œuvre, pour elle, dans l'économie despulsions prégénitales, et notamment des pulsions orales (12). Ainsi, le sevragedu ¦ bon sein » entraîne-t-il l'hostilité de la petite fille vis-à-vis de samère — hostilité qui sera, en un premier temps, projetée sur celle-ci lafaisant redouter comme une « mauvaise mère » — mais encore ce rapportconflictuel à la mère sera-t-il aggravé par le fait qu'elle représentel'interdit à la satisfaction orale des désirs œdipiens, soit celle qui s'opposeà l'incorporation du pénis paternel. Introjecter le pénis du père telle serait,selon Mélanie Klein, la première forme du désir du pénis chez la fille. Il nes'agirait donc pas « d'envie du pénis » au sens freudien du terme, de tendanceà s'approprier l'attribut de la puissance virile pour être (comme) un homme,mais de l'expression, dès la phase orale, de désirs féminins d'intromission dupénis. L'Œdipe de la fille n'est donc pas la contrepartie à un « complexe decastration » qui la pousserait à espérer de son père le sexe qu'elle n'a pas,mais il serait agissant dès les premiers appétits sexuels de la fille (13).Cette précocité œdipienne de la fillette serait accentuée du fait que lespulsions génitales chez la femme privilégient la réceptivité, telles lespulsions orales. 

Identificationsmasculines défensives

Sans doute, cetteprécocité œdipienne ne sera pas sans risques. Le pénis du père est susceptiblede combler les désirs de la fillette, mais il peut aussi bien, et en même temps,détruire. Il est * bon » et « mauvais », vivifiant et mortifère, lui-même prisdans l'implacable ambivalence amour/haine, dans ia dualité des pulsions de vieet de mort. Par ailleurs, le premier attrait pour le pénis du père vise cedernier en tant qu'il est déjà introjecté par la mère. Il s'agit donc pour lafillette de s'emparer du pénis paternel, et éventuellement des enfants,contenus dans le corps de la mère : ce qui ne va pas sans agression vis-à-visde celle-ci, qui risque de riposter en détruisant « l'intérieur » du corps desa fille et les « bons objet» • déjà incorporés. L'angoisse de la petite filleconcernant et le pénis du père et la vengeance de la mère l'oblige le plussouvent à abandonner cette première structuration, féminine, de sa libido et às'identifier, par mesure défensive, au pénis du père ou au père lui-même. Elleadopte alors une position « masculine • en réaction à ia frustration, et auxdangers, de ses désirs œdipiens. Cette masculinité est donc bien secondaire eta pour fonction de masquer, voire d'assurer le refoulement, des fantasmesincestueux : envie de prendre la place de la mère auprès du père et d'en avoirun enfant (14).

Une tentative deconciliation : Ernest Jones

Contrairement à Freud,Ernest Jones accueillera avec grand intérêt les modifications que certainesfemmes, telles Karen Horney et Mélanie Klein, apportent aux premièresthéorisations psychanalytiques concernant la sexualité féminine. La raison enest, sans doute, une interrogation beaucoup plus poussée, chez lui, sur lesdésirs « féminins • de l'homme et sur l'angoisse de castration accompagnant,pour le garçon, l'identification au sexe de la femme notamment dans la relationau père. Un peu plus au fait de l'envie et de la crainte d'une telleidentification, Ernest Jones a pu s'aventurer d'avantage dans l'exploration du« continent noir » de la féminité, et entendre de façon moins réticente cequ'essayaient d'articuler certaines femmes quant à leur économie sexuelle. Ilest vrai aussi que moins que Freud il avait à défendre les fondations d'unnouvel édifice théorique. Toujours est-il que sans acquiescer à certainespositions — celles soutenues par Karen Horney dans la deuxième partie de sonœuvre — , refusant de marquer vis-à-vis de Freud les ruptures réalisées parcertains de ses élèves, il tente de concilier le point de vue freudien et lesnouveaux apports de psychanlystes touchant le développement sexuel de la femme,apports auxquels il ajoute sa contribution.

Castration et aphanisis

Se posant donc quelquepeu en arbitre du débat et cherchant à trouver les accords possibles entrepositions divergentes, il maintient la conception freudienne du complexed'Œdipe féminin mais démontre que les découvertes des analystes d'enfants surle préœdipe de la fillette invitent à remanier la formulation du rapport decelle-ci au complexe d'Œdipe. Et d'abord, il différencie la « castration » — oumenace de perdre la capacité de jouissance sexuelle génitale — de « l'aphanisis», qui représenterait la disparition totale et permanente de toute jouissancesexuelle. Si l'on pense en ces termes, on comprendra que c'est la crainte de «l'aphanisis », par suite de la frustration radicale de ses désirs œdipiens, quipousse ia fillette à renoncer à sa féminité pour s'identifier au sexe qui sedérobe à son plaisir (15). Elle pare ainsi, imaginairement, à l'angoisse d'êtreà jamais privée de toute jouissance. Cette solution a encore l'avantaged'apaiser la culpabilité liée aux désirs incestreux. Si cette option est menéeà terme, elle aboutit à l'homosexualité, mais on la retrouve sous une formeatténuée dans le développement normal de la féminité. Elle y représente uneréaction secondaire et défensive contre l'angoisse de l'aphanisis qui soit lanon- réponse de son père à ses désirs.

Les diversesinterprétations de « l'envie du pénis »

La fillette était donc «femme » avant de passer par cette masculinité réactionnelle. Et, de cetteféminité précoce, on trouve des indices dans les stades dits « prégénitaux »(16). L'envie du pénis est d'abord l'envie de s'incorporer te pénis, soit undésir allô- erotique déjà repérable au stade oral. La zone d'attraction,centripète, du pénis se déplace par la suite grâce au fonctionnement del'équivalence bouche, anus, vagin. La prise en considération de ce désirprécoce pour le sexe du père amène Jones à différencier la notion « d'envie dupénis ». Il peut s'agir, selon lui, du désir de la fillette d'incorporer,d'intro- jecter, le pénis pour le garder « à l'intérieur » du corps et letransformer en enfant : ou encore du désir de jouir du pénis lors d'un coït :oral, anal, génital ; et, enfin, de l'envie de posséder un sexe mâle aux lieuet place du clitoris. Cette dernière interprétation serait celle privilégiéepar Freud, qui met ainsi l'accent sur les désirs de masculinité de la fillette,de la femme, déniant quelque peu la spécificité de son économie libidinale etde son sexe. Or l'envie de posséder un pénis dans la région clitoridiennecorrespondrait, avant tout, à des désirs auto-érotiques : le pénis étant plusaccessible, plus visible, plus narcis- sisant, dans les activitésmasturbatoires. De même serait-il favorisé dans les fantasmes de toutepuissance urétrale, ou dans les pulsions scoptophiliques et exhibitionnistes.On ne peut réduire à ces activités ou fantasmes l'évolution prégénitale de lapetite fille, et on peut même soutenir qu'ils ne se développentqu'ultérieurement à ses désirs allo-érotiques pour le pénis du père. Ils'ensuit que, et dans la structuration dite pré-œdipienne et dans la phasepostœdipienne, « l'envie du pénis » chez la fille est secondaire, et souventdéfensive, par rapport à un désir spécifiquement féminin de jouir du pénis. Lapetite fille n'était donc pas de tout temps un petit garçon, pas plus que ledevenir de sa sexualité ne sera sous-tendu par l'envie d'être un homme. Vouloirqu'il en soit ainsi reviendrait à suspendre un peu abusivement l'évolutionsexuelle de la fille — et d'ailleurs aussi du garçon — à une phaseparticulièrement critique de son devenir, la phase que Jones nomme «deutéro-phalli- que » (17), où chacun des deux sexes est amené à s'identifier àl'objet de son désir, soit au sexe opposé, pour échapper et à la menace demutilation de l'organe génital venant du parent du même sexe, le rival dansl'économie œdipienne, et encore à l'angoisse ou « l'aphanisis » résultant dususpens des désirs incestreux.

Compléments à la théoriefreudienne

On a vu déjà que contreces remaniements théoriques d'autres femmes analystes soutiennent et loppentles conceptions premières de Freud, et que celui-ci reprend dans ses derniersécrits leurs contributions à l'étude des premiers stades de l'évolutionsexuelle de la femme.

Rappelons que JeanneLampl de Groot insiste sur la question de l'Œdipe « négatif » de la fille.Avant d'en venir au désir « positif » pour le père, lequel impliquel'instauration de la « passivité » réceptive, la fillette a souhaité posséderla mère et évincer le père, et cela sur le mode « actif » et/ou « phallique ».L'impossibilité de réaliser de tels désirs entraîne la dévalorisation duclitoris, qui ne peut soutenir la comparaison avec le pénis. Le passage de laphase négative (active) à la phase positive (passive) du complexe d'Œdipes'effectue donc par l'intervention du complexe de castration (18).

Un des traitsspécifiques des travaux d'Hélène Deutsch est l'accent porté sur le masochismedans la structuration de la sexualité génitale de la femme. Dans toutes lesphases du développement prégénital, le clitoris est investi à l'égal d'unpénis. Le vagin est ignoré, et ne sera découvert qu'à la puberté. Mais si leclitoris (pénis) peut être assimilé au sein, à la colonne fécale, soninfériorité apparaît au stade phallique en tant qu'il est bien moins apte quele pénis à satisfaire les pulsions actives alors en jeu. Qu'advient-il del'énergie libidinale dont le clitoris, dévalorisé, était investi ? HélèneDeutsch soutient que pour une grande part elle régresse, et s'organise sur lemode masochiste. Le fantasme « Je veux être castrée » relayerait les désirsphalliques irréalisables. Ce masochisme, évidemment, ne serait pas à confondreavec l'ultérieur masochisme « moral ». Il représenterait une forme primaire,érogène, et biologiquement déterminée du masochisme constitutif de la sexualitéféminine, dominée par la triade : castration, viol, accouchement, à laquelle onadjoindra, secondairement et corrélativement, le caracère masochique dessublimations effectuées par les femmes, y compris dans leurs comportementsmaternels, maternants, vis-à-vis de l'enfant (19).

Après avoir rappelé, àla suite de Freud, que le développement sexuel est régi par le jeu de troispaires d'antithèses qui se succèdent l'une l'autre sans jamais pour autant sesubstituer exactement l'une à l'autre — actif/passif, phallique/castré,masculin/féminin — Ruth Mack Brunswick analyse, principalement, les modalitéset transformations du couple activité/ passivité dans la phase pré-œdipienne dudéveloppement sexuel de la fillette (20.

Pour Marie Bonaparte, lasingularité du rapport de la femme à la vie libidinale, sa position «désavantagée », serait déterminée par le fait que les organes sexuels fémininsseraient assimilables à des organes mâles inhibés dans leur croissance du faitdu développement des * annexes • servant à la maternité (21). Par ailleurs,selon elle, trois lois commandent l'évolution sexuelle de la femme : en ce quiconcerne l'objet du désir, tous les investissements, passifs et actifs,impliqués dans la relation à la mère seront transférés dans le rapport au père; pour ce qui est du devenir pulsionnel, les fantasmes sadiques de la filletteseront transformés en fantasmes masochistes lors du passage de l'Œdipe « actif» à l'Œdipe « passif » ; quant à la zone érogène privilégiée, elle se déplaceradu clitoris (pénis) au • cloaque », puis au vagin, lors de l'abandon de lamasturbation clitoridienne. L'érotisme « cloacal » constituerait, pour MarieBonaparte, un stade intermédiaire entre l'érotisme anal et l'érotisationbeaucoup plus tardive du vagin. Celui- ci ne serait pas encore difrérencié, etc'est le trou cloacal dans son entier qui serait la zone érogène prévalentepréphallique et postphallique, et ce jusqu'à l'érotisation vaginalepostpubertaire (2).

L'ordre symbolique :Jacques Lacan

Quinze, vingt ans aprèsque les controverses autour de la sexualité féminine se soient apaisées, queleur enjeu ait été oublié — à nouveau refoulé ? — Jacques Lacan rouvre lesdébats. Pour souligner, entre autres, que les questions ont souvent été malposées, et encore pour faire le bilan de celles qui, à son avis, restent ensuspens. Parmi ces dernières, il évoque les nouvelles acquisitions de laphysiologie concernant la distinction des fonctions du « sexe chromosomique »et du « sexe hormonal » ainsi que les recherches sur * le privilège libidinalde l'hormone mâle », ce qui l'amène à réinterroger les modalités del'intervention de la « coupure » entre l'organique et le subjectif ; ilrappelle également à l'attention l'ignorance où l'on en est toujours quant à «la nature de l'orgasme vaginal » et au rôle exact du clitorisndans lesdéplacements d'investissements de zones érogènes et « d'objets » de désir (23).

Le phallus commesignifiant du désir

Pour ce qui est de ladivergence d'opinions entre psychanalystes sur le développement sexuel de lafemme, Lacan reproche aux points de vue s'éloignant de celui de Freud denégliger quelque peu la perspective de mise en place structurale qu'implique lecomplexe de castration. Une insuffisante différenciation des registres du réel,de l'imaginaire, du symbolique, et de leurs impacts respectifs dans laprivation, la frustration et la castration amène, par exemple, la réduction dela dimension symbolique, véritable enjeu de la castration, à une frustration detype oral (23). Pour mieux souligner l'articulation symbolique que doit opérerla castration, Lacan spécifie que ce qui est en cause comme pouvant manquerdans la castration n'est pas tant le pénis — organe réel — que le phallus ousignifiant du désir. Et c'est dans la mère que la castration doit être, avanttout, repérée par l'enfant pour qu'il sorte de l'orbe, imaginaire, du désirmaternel et qu'il soit renvoyé au père comme à celui qui détient l'emblèmephallique pour lequel la mère le désire et le préfère à l'enfant. Ainsi devientpossible le fonctionnement de l'ordre symbolique dont le père se doit d'être legarant. A ce titre, il interdira et à la mère et à l'enfant que leur désir soitcomblé, soit que la mère identifie l'enfant au phallus qui lui manque, soit quel'enfant soit assuré d'être le porteur du phallus en satisfaisant,incestueusèment, le désir de sa mère. Les privant de l'accomplissement de leurdésir, de la « complétude » du plaisir, le père les introduit, ou réintroduit,aux exigences de la symbolisation du désir par le langage, c'est-à-dire à lanécessité de son passage par la demande. Le hiatus, sans cesse récurrent, entredemande et satisfaction du désir maintient la fonction du phallus commesignifiant d'un manque qui assure et règle l'économie des échanges libidinauxdans leur double dimension de quête d'amour et de satisfaction spécifiquementsexuelle.

Être ou avoir le phallus

« Mais on peut, à s'entenir à la fonction du phallus, pointer les structures auxquelles seront soumisles rapports entre les sexes. Disons que ces rapports tourneront autour d'unêtre et d'un avoir... Si paradoxale que puisse sembler cette formulation, nousdisons que c'est pour être le phallus, c'est-à-dire le signifiant du désir del'Autre, que la femme va rejeter une part essentielle de sa féminité, nommémenttous ses attributs dans la mascarade. C'est pour ce qu'elle n'est pas — àsavoir le phallus — qu'elle entend être désirée en même temps qu'aimée. Maisson désir à elle, elle en trouve le signifiant dans le corps de celui — censél'avoir — à qui s'adresse sa demande d'amour. Sans doute ne faut-il pas oublierque de cette fonction signifiante, l'organe qui en est revêtu, prend valeur defétiche»* (24). Cetteformulation d'une dialectique des rapports sexués par la fonction phallique necontrarie en rien le maintien, par Lacan, du complexe de castration de la filletel qu'il a été défini par Freud — soit son manque à avoir le phallus — et sonentrée consécutive dans le complexe d'Œdipe — ou désir de recevoir le phallusde qui est supposé l'avoir, le père. De même l'importance de « l'envie du pénis» chez la femme n'est-elle pas remise en cause mais davantage élaborée dans sadimension structurale. On peut cependant se demander si, et jusqu'où,l'interrogation à laquelle Lacan semble soumettre, depuis peu. lephallocentrisme le conduira à se démarquer de la théorie freudienne concernantla sexualité de la femme.

« L'image du corps » :Françoise Dolto

Il faut citer encore lesrecherches de Françoise Dolto sur l'évolution sexuelle de la fillette (25) ;insister, avec elle, sur la nécessité que la mère soit reconnue comme « femme »par le père pour que la petite fille se sente valorisée en son sexe féminin ;et suivre les descriptions qu'elle donne de la structuration de « l'image ducorps » à chaque stade du développement libidinal de la fillette, descriptionsoù elle prête une attention plus grande que quiconque à la pluralité des zonesérogènes spécifiquement féminines et corrélativement à la différenciation du plaisirsexuel de la femme.

* Souligné par nous. Demême avons-nous ajouté les énonces entre tirets.

Mais, étant donné larichesse de ses analyses et l'acuité des questions que l'on rencontrera dansson étude, on peut regretter que, comme la plupart des autres protagonistes dece débat autour de la sexualité féminine, elle ait trop peu mis en cause lesdéterminations historiques qui prescrivent le « devenir femme » tel quel'envisage la psychanalyse.

Questions sur lesprémisses de la théorie psychanalytique

On ne peut que craindrede poser certaines questions à la psychanalyse, de la mettre de quelque façonen cause, tant le risque est grand d'être sur ce point mal entendu(e) etd'encourager ainsi une attitude précritique vis-à-vis de la théorie analytique.Pourtant il existe des points où celle-ci mérite qu'on l'interroge, devraitelle-même s'interroger. La sexualité féminine représente l'un d'eux. Si l'onreprend les termes dans lesquels le débat a eu lieu à l'intérieur même du champpsychanalytique, on pourra demander par exemple :

Pourquoi l'alternativejouissance clitoridienne/jouissance vaginale y a eu une telle part? Pourquoi lafemme a-t-elle été mise en demeure de choisir entre l'une ou l'autre, qualifiéede « virile » si elle en reste à la première, de féminine si elle y renoncepour se cantonner à l'érotisation vaginale ? Cette problématique est-ellevraiment pertinente pour rendre compte de l'évolution et de l'épanouissement dela sexualité de la femme ? Ou est-elle commandée par l'étalonnage de celle-ci àdes paramètres masculins et/ou par des critères valables — peut-être ? — , pourdécider d'une prévalence de l'auto-érotisme ou de l'hétéro-érotisme chezl'homme. En fait, les zones érogènes de la femme ne sont pas le clitoris ou levagin, mais le clitoris et le vagin, et les lèvres, et la vulve, et le colutérin, et la matrice, et les seins... Ce qui aurait pu, aurait dû, étonnerc'est la pluralité des zones érogènes génitales, si l'on tient à ce terme, dansla sexualité féminine.

Pourquoi la structurationlibidinale de la femme serait-elle décidée, pour la plus grande part, avant lapuberté alors que pour Freud et bon nombre de ses disciples, le « vagin, organeproprement féminin, n'est pas encore découvert »? (1). Outre que les caractèresféminins politiquement, économiquement, culturellement valorisés sont reliés àla maternité, et au maternage. C'est donc dire que tout ou presque, seraitdécidé quant au rôle sexuel imparti à la femme, et surtout quant auxreprésentations qu'on lui en propose, ou qu'on lui en prête, avant même que laspécificité socialement sanctionnée de son intervention dans l'économiesexuelle soit praticable, et avant qu'elle ait accès à une jouissancesingulière, « proprement féminine ». On comprend qu'elle n'apparaisse dès lorsque comme « manquant de », « dépourvue de », « envieuse de », etc. Pour toutdire : châtrée.

Pourquoi la fonctionmaternelle doit-elle l'emporter sur la fonction plus spécifiquement érotiquechez la femme ? Pourquoi, là encore, la soumet-on, se soumet- elle, à un choixhiérarchisé sans que l'articulation de ces deux rôles sexuels soit suffisammentélaborée ? Certes cette prescription se comprend dans une économie et uneidéologie de la (re)production, mais elle est aussi, ou encore, la marque d'unasservissement au désir de l'homme car * Le bonheur conjugal reste mal assurétant que la femme n'a pas réussi à faire de son époux son enfant, tant qu'ellene se comporte pas maternellement envers lui » (1). Ce qui annonce la questionsuivante :

Pourquoi l'évolutionsexuelle de la femme doit- elle être plus pénible, plus complexe, que celle del'homme? (1). Et quel est le terme de cette évolution sinon qu'elle devienne enquelque sorte la mère de son mari, le vagin lui-même « ne prenant valeur quecomme logis du pénis, il recueille l'héritage du sein maternel • (3). Autrementdit, va-t-il de soi que la fillette renonce à ses premiers Investissementsobjectaux, aux zones érogènes précocement investies, pour faire le périple quila rendra susceptible de satisfaire le désir de toujours de l'homme : fairel'amour avec sa mère, ou un substitut approprié. Pourquoi la femme devrait-ellequitter sa mère à elle — la « haïr » (1) — , délaisser sa maison, abandonner safamille, renoncer au nom de sa mère et de son père, pour entrer dans tes désirsgénéalogiques de l'homme ?

Pourquoi l'homosexualitéféminine est-elle, encore et toujours, interprétée sur le modèle del'homosexualité masculine ? L'homosexuelle désirant, en homme, une femmeéquivalente à la mère phallique et/ou qui, par certains traits, lui rappelle unautre homme, son frère par exemple (4) ? Pourquoi le désir du même, de la mêmeserait-il interdit, ou impossible, à la femme ? Et encore, ou encore pourquoiles relations entre fille et mère sont-elles pensées, nécessairement, en termesde désir • viril », et d'homosexualité ? Quel intérêt sert cetteméconnaissance, cette condamnation, du rapport de la femme à ses désirsoriginels, cette non-élaboration de sa relation à ses origines ? A assurer laprévalence d'une seule libido, la fillette se voyant contrainte de refouler sespulsions et investissements premiers. Sa libido ? '

Ce qui rejoint laquestion de savoir pourquoi l'opposition actif/passif reste aussi Insistantedans les controversée concernant la sexualité de la femme.

Bien qu'elle soitdéfinie comme caractéristique d'un stade dit prégénital, le stade anal, ellecontinue à marquer la différence masculin-féminin — qui en tirerait sacoloration psychologique (26) — de même qu'elle détermine les rôles respectifsde l'homme et de la femme dans la procréation (1). Quel rapport continued'entretenir cette passivité aux pulsions sadiques anales, permises à l'hommeet interdites à — inhibées chez — la femme ? L'homme étant dès lors assuréd'être le seul propriétaire et de l'enfant (le produit) et de la femme (lamachine reproductrice) et du sexe (l'agent reproducteur). Le viol, si possiblefécondateur, d'ailleurs présenté par certaines psychanalystes comme le comblede la jouissance féminine (1, 19, 22) devenant le modèle du rapport sexuel.

Pourquoi la femmeest-elle aussi peu apte à la sublimation? Reste-t-elle aussi dépendante del'instance surmoi que paternelle? Pourquoi l'instance sociale de la femmeest-elle encore pour une bonne part « transcendante à l'ordre du contrat quepropage le travail ? Et notamment est-ce par son effet que se maintient lestatut du mariage dans le déclin du paternalisme ? » (23). Ces deux questionsse rejoignent peut-être dans le fait que la femme serait asservie aux tâchesdomestiques sans qu'aucun contrat de travail ne l'y lie explicitement, lecontrat de mariage en tenant lieu.. On n'a pas fini d'énumérer les questionsque pourrait se poser la psychanalyse quant au « destin », en (Luce Irigaray est psychanalyste à Paris.Elle publiera porchainement aux Editions de Minuit un livre intitulé : «L'Autre Femme ».)

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